Suspect n°1 : Tennison

Suspect n°1 : Tennison

Critique : Le Serpent - Netflix

Critique
Critique : Le Serpent - Netflix

Débarquée sur Netflix le 2 avril, la mini-série retrace le parcours terrifiant de Charles Sobhraj, tueur en série ayant sévi dans les années 70 en Asie du Sud.

Dès la première seconde de visionnage, la série donne le ton : les faits, bien que librement adaptés dans la série, ont réellement eu lieu. Au fur et à mesure des épisodes, on découvre un personnage aussi froid qu’impitoyable, usurpant les identités aussi machinalement que le commun des mortels change de chemise. Comme si ces traits de caractère ne suffisaient pas, on découvre un Charles SOBHRAJ (Tahar RAHIM) fin psychologue et manipulateur de haut vol : ainsi, son acolyte, Ajay CHOWDHURY (Amesh EDIREWEERA), et sa compagne, Marie-Andrée LECLERC (Jenna COLEMAN), en font les frais jusqu’au bout.

C’est que le Serpent, qui doit son surnom à sa capacité à se faufiler à travers les mailles du filet, mériterait également le sobriquet de marionnettiste, tant son habileté à convaincre et manipuler son petit monde, transparaissent à travers le récit ponctué de flashbacks nous éclairant un peu plus sur son passé sombre et sa personnalité étriquée. Graviter autour du Serpent n’est pas sans risque. Et tandis que les mystérieuses disparitions de touristes se multiplient, un homme, Herman KNIPPENBERG, jeune diplomate néerlandais, s’intéresse à l’affaire et démarre (discrètement) une enquête.

Le suspens et la pression psychologique nous tiennent en haleine du début à la fin de la série, le tout, sur une bande originale délicieusement acidulée, années 70 oblige. Les réalisateurs Hans HERBOTS et Tom SHANKLAND, au-delà des choix des acteurs, ont su recréer l’univers de l’époque, insouciant et joyeux, à travers les décors et les costumes, malgré le sujet morbide abordé…et le contexte du tournage, touché comme beaucoup par la pandémie.

Tahar RAHIM, dans le rôle du Serpent crève l’écran, tant le magnétisme qu’il dégage, à l’image de ce dernier, en est presqu’hypnotisant. On ne peut s’empêcher d’éprouver une pointe de compassion pour Ajay, interprété avec justesse par Amesh EDIREWEERA, et Marie-Andrée, incarnée par Jenna COLEMAN. A la fois victimes et complices, leurs parcours aux côtés du Serpent les conduit de plus en plus vers l’horreur, tandis qu’ils demeurent pour autant comme happés par le côté sombre de SOBRHAJ. Herman KNIPPENBERG, joué par Billy HOWLE n’est pas en reste : à la fois fasciné et rebuté par le Serpent, plus il avance (difficilement) dans son enquête, et plus, parallèlement, ce dernier semble s’enrouler autour de lui telle une proie, le broyant vivant, lui, mais aussi son entourage…

En clair, cette mini-série composée de 8 épisodes vaut largement le détour. Portée par un casting quasi impeccable (l’accent de Jenna COLEMAN en français portant un sérieux coup à la crédibilité des origines québécoises de son personnage), on en reste pantois, d’autant plus que les crimes commis sont avérés. L’aisance avec laquelle les papiers d’identité pouvaient être falsifiés à l’époque, ainsi que l’équanimité ambiante laissent à la fois songeur et perplexe, comparativement au contexte social et aux avancées technologiques d’aujourd’hui. Pour autant, Le Serpent, de par l’horreur palpable et réelle dont il est question, fait partie de ces séries dont on se souviendra longtemps.